On connait la musique...

J'en avais exprimé l'intention dans mon précédent billet, voilà qui sera donc fait : après avoir montré une certaine similitude des approches métaphoriques des instruments de musique dans la mythologie grecque et le bouddhisme, j'ai cherché à savoir ce qu'il en était sur ce plan dans les religions monothéistes issues de l'ancien testament.

Et bien, je n'ai principalement trouvé que du vent !

Des instruments à vent, plus précisément.

Hormis un court passage de la Bible (1) évoquant la Lyre du Roi David le troisième Roi d'Israël unifié, présent également dans le Coran sous le nom de Daoud le prophète-roi, les principaux instruments que l'on entend dans les écrits chrétiens, juifs et musulmans, sont les trompettes.

Les trompettes de Jéricho :

Elles sont au nombre de sept. Elles apparaissent dans le récit biblique relatant la prise de la ville de Jéricho par le peuple d'Israël alors en pleine reconquête de la terre promise et conduit par Josue. Dieu aurait suggéré à celui-ci de faire sonner les trompettes pour détruire les murailles de la ville avant de l'envahir : " Vous ferez sept fois le tour de la ville, et les prêtres sonneront de la trompette. Et lorsque les trompettes sonneront d'un son plus long et plus coupé, et que ce bruit aura frappé vos oreilles, tout le peuple élevant sa voix tout ensemble jettera un grand cri, et alors les murailles de la ville tomberont jusqu'à leur fondement. "  

Le stratagème fonctionna et Jericho fut rasée et sa population massacrée. Hop, circulez, ville suivante !

Les trompettes de Jéricho sont dès lors couramment citées pour évoquer un son ou un bruit très puissant, terrifiant et guerrier.

Les trompettes des anges de l'Apocalypse :

Egalement au nombre de sept comme celles de Jéricho, elles se font entendre dans « L'Apocalypse de St Jean ». C'est le texte du Nouveau Testament le plus symbolique, onirique, fantastique, comme s'il avait été écrit sous un acide hallucinogène type LSD.

Dans ce récit chrétien, considérant que l'humanité lui désobéit, Dieu lui annonce une série de sept malheurs en faisant sonner sept trompettes soufflées par sept anges. Et ça ne rigole pas, jugez vous-même :

• 1ere trompette : de la grêle et du feu mêlés de sang brûleront la terre

• 2ème trompette : une grande montagne embrasée par le feu sera jetée dans la mer qui se transformera en sang

• 3ème trompette : une grande étoile ardente comme un flambeau tombe du ciel rendant l’eau amère et tuant beaucoup d’hommes

• 4ème trompette : la clarté du soleil, de la lune et des étoiles diminuera d’un tiers

• 5ème trompette : des sauterelles se répandront sur la terre infligeant de terribles tourments aux hommes

• 6ème trompette : quatre anges seront libérés, et ils tueront le tiers des humains encore en vie, au moyen d’une armée de 200 millions de soldats

• 7ème trompette : quand retentira cette trompette, des voix dans le ciel diront: « Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ ; et il régnera aux siècles des siècles » 

Ah, bon, ouf, merci n'en jetez plus, faites vite sonner la septième qu'on en finisse !

La trompette de l'Ange Raphaël :

Le Coran évoque également l'Ange Raphaël qui serait chargé de souffler dans une trompette afin d'annoncer le Jugement Dernier :

• une première fois pour détruire le monde et foudroyer les hommes

• une deuxième fois pour réveiller les morts (faudrait savoir, on les tue ou pas ?)

• une troisième fois pour annoncer le début du jugement dernier

Bon, là encore, rien de très accort dans ces musiques...

Personnellement, ces écrits m'ont rendu fort marri. Figurez-vous (cf. mes articles sur la musique Dionysiaque et la musique Apollinienne) qu'après avoir lu les frasques de Dyonisos, Pan et de leur joyeuse bande de Bacchantes, Satyres, accompagnées des sons de leurs flûtes, hautbois et autres instruments à vent, je comptais bien me mettre au trombone ou à la trompette. J'avoue que les promesses d'ivresse, de fête, de sexualité débridée associées à ce mythe Donysiaque n'étaient peut-être pas étrangères à cette envie.

Mais là, la symbolique guerrière, punitive et destructive des instruments à vents dans les trois grands monothéismes actuels ont quelque peu refroidi mon enthousiasme à démarrer l'apprentissage de ces instruments.

Petite annonce parue dans la Gazette Céleste (le journal des Divinités du Panthéon et des Dieux encore en activité) :

« Echangerais naissance en civilisation judéo-chrétienne contre naissance en civilisation grecque antique. Etudie toute proposition, même la vente de mon âme à un quelconque Diable d'obédience Dionysiaque. Contact : onconnaitlamusique.blog4ever.com »

(1) «  Dès lors, quand l'esprit mauvais envoyé par Dieu s'abattait sur Saül, David prenait sa lyre et en jouait. Cela soulageait Saül, il se calmait et l'esprit mauvais le quittait. »