Plus fort, tas de faignants ! (3)
(Prenez le temps d'écouter les chansons en liens dans l'article au fur et à mesure de sa lecture)
La gestion « boulot-dodo » de la crise actuelle nous révèle encore plus cruellement les aspects souvent aliénants ou absurdes du travail moderne.
Lors de ces longues journées passées à travailler seul devant votre écran sans âme avec pour seule perspective de loisirs la dérogation accordée pour aller faire vos courses ou conduire les enfants à l'école, si la vacuité insondable de votre dernière télé-réunion ou l'inanité déprimante du tableau excel qui vous occupa toute l'après-midi ont provoqué en vous l'épiphanie que votre travail n'était pas la santé mais frustration, déprime et géhenne, voici deux petites chansons qui peuvent vous aider à sortir de cette fâcheuse impasse.
Première étape et première chanson, il s'agit de se construire un arsenal de prétextes inattaquables et de motifs impérieux pour se dérober au travail :
"Tu m'engueules sans arrêter
Parce qu'on a pas d'argent
Et qu'on n' peut rien acheter
Pour nous ou tes parents
J' peux pas travailler debout
Parce que ça me fait mal aux g'noux
J' peux pas travailler assis
Ça me fait mal au coccis
Aujourd'hui, le Directeur
Des Galeries Lafleur
M'a offert une situation
De garçon d'ascenseur
Mais je peux pas descendre et monter
J'ai le foie qui va s' décrocher
Je Peux Pas Travailler en boîte
J'ai les poumons comme de l'ouate
La voisine m'a proposé
De laver ses carreaux
Et elle m'a apporté
Un énorme escabeau
Mais, Je Peux Pas Travailler en l'air
J'ai l' vertige, j' peux m' foutre par terre
Je pourrais travailler couché
Mais personne veut m'embaucher
Onésine qui tient l'orchestre
Au dancing du carrefour
M'a d'mandé d'entrer chez lui
Pour jouer du tambour
Mais j' peux pas travailler dans l' bruit
Ça me donne des tas d' maladies
Je Peux Pas Travailler des bras
J'ai l'épaule qui n' tourne pas
Monsieur Jean le commerçant
Qui a des plantations
Me dit "Jules, viens donc chez nous
Pour cueillir le coton"
Mais, Je Peux Pas Travailler penché
Ma colonne veut pas se plier
Je Peux Pas Travailler courbé
J'ai les doigts de pieds recourbés
La Julie, ma belle copine
Qui bosse à l'extérieur
Me suggère de m'occuper
De son p'tit intérieur
Chouette! Je vais pouvoir travailler couché
J'ai fini par m' faire embaucher
Mais j' vois pas pourquoi t'es fâchée
Tes parents pourront bouffer!"
Sous couvert d'une chansonnette pseudo-comique aux relents franchouillards moqueurs et méprisants envers les personnes de couleur, Henri Salvador (lui-même d'origine guadeloupéenne) nous brosse un bel éloge de la paresse et de la lubricité, ainsi qu'une vision plutôt cynique du couple marié.
Henri Salvador, encore lui, encore à tirer à boulets rouges sur le travail ! Mais que faisait donc le MEDEF à l'époque ? Trop stupide pour déceler le second degré de ces chansons ?
Deuxième étape, et deuxième chanson : une fois débarrassé de toute obligation envers un quelconque employeur grâce à l'argumentation développée dans la première chanson, il s'agit de pérenniser votre douce liberté retrouvée par un substitut à votre salaire suffisamment substantiel et sans contrepartie. La solution (merci à Charly de m'avoir rappelé cette chanson) est :
"J'en avais marre de travailler
Et de perdre mon temps
À faire des boulots mal payés
Avec des gens très emmerdants
Je cherchais la combine
Et c'est pas facile
De se tirer de l'usine
Pour partir dans les îles
Je me creusais le ciboulot
J'étais comme tous les gens
Allergique au boulot
Mais pas allergique à l'argent
Je n'connais qu'une façon
De se tirer sous les tropiques
Quand on est petit, laid
Et qu'on a pas de fric
ASSEDIC
Je t'écrirai de temps en temps
Toi tu m'enverras mon virement
Directement
Tout là-bas, dans mon île
ASSEDIC
Avec ton amie RMI
Vous s'rez mes deux meilleures amies
Ce s'ra dément
L'Agence Nationale Pour l'Emploi
M'écrit de France
Ils veulent à peine au bout d'un mois
Me gâcher mes jolies vacances
En m'envoyant chez "Prisunic"
Décharger des camions
Avec ma copine ASSEDIC
Évidemment on a dit non
J'veux qu'ça dure toute la vie
Que chaque jour soit férié
Un jour, je r'cevrai l'avis de fin de droit
Dans mon courrier
Mais faudra me payer cher
Pour retourner au carnaval
Du R.E.R.
Et du Leclerc de Bougival
ASSEDIC
Je t'écrirai de temps en temps
Toi tu m'enverras mon virement
Directement
Tout là-bas, dans mon île
ASSEDIC
Enfin ma place au soleil
À moi les ciels vermeils
Et les beaux voyages
M'en priver ce s'rait dommage
ASSEDIC
Tu s'ras ma petite maman
La maman de tous les gens
Qui n'ont pas d'argent
(Pas beaucoup, pas beaucoup...)"
Pour les plus jeunes d'entre vous, rappelons que l'ASSEDIC était l'organisme chargé de payer les indemnités de chômage, il a fusionné avec l'ANPE en 2008 pour former le Pole Emploi que nous connaissons actuellement.
En suivant la morale lucide de ces deux chansons avisées, vous voilà rentier pour un moment. A vous les grasses matinées, les siestes, les longues promenades, les flâneries improvisées, les longs apéros entre copains, du temps pour lire, écrire, écouter et jouer de la musique, etc. Simplement grâce à deux petites chansons. Comme quoi la musique peut vous changer la vie.
Alors, merci qui pour les tuyaux ?
De rien, allez, hein, on connait la musique !..
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