On connait la musique...

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Punk rock et jardinage

 

Le jardin punk est un concept développé par le paysagiste Eric Lenoir, lui-même fan de punk rock. https://livre.fnac.com/a12616786/Eric-Lenoir-Petit-traite-du-jardin-punk

Si l'on imagine aisément un jardin musique classique ou un jardin pop flower power, envisager un jardin en résonance avec un mouvement musical destroy et no future, à priori loin de toute considération naturaliste ou écologique, est plutôt surprenant. Pourtant...

 

Petit rappel pour les plus jeunes : le punk rock a sévi durant la deuxième moitié des années 70, représenté par des groupes comme les Sex Pistols, The Clash, The Damned, The Ramones... Il s'agit d'un rock pur et dur, minimaliste, centré sur l'énergie et la révolte, caractérisé par une économie de moyens tant techniques que musicaux. Les textes sont crus et véhiculent un message anarchiste et provocateur. Quant au look : épingles à nourrice, t-shirt déchiré, blouson perfecto, tatouages, piercings, accessoires métalliques à piques, coiffure en crête iroquoise. Quelques hymnes pour vous rafraichir la mémoire : https://youtu.be/cBojbjoMttI  https://youtu.be/yqrAPOZxgzU   

https://youtu.be/BN1WwnEDWAM   

 

Le musicien punk est décomplexé, il joue avec instinct, spontanéité et simplicité. Avec moins de trois mois d'apprentissage sommaire de la guitare, il monte. Il monte un groupe, puis il monte sur scène, puis surtout il monte le son. (Il affectionne également les montées d'acide.)

Le jardinier punk jardine sans connaissances préalables, il observe son jardin et y intervient peu. Il ne veut pas se contraindre, va au plus simple et au moins onéreux. Il préfère généralement boire une bière à l'ombre d'une haie libre exubérante plutôt que de s'échiner à la tailler. C'est aussi parce qu'il la trouve plus belle ainsi.

 

Le punk conteste toute autorité et rejette tout savoir académique. Il joue au mépris de toute technique instrumentale, il s'affranchit de tout apprentissage et tire à boulets rouges sur l'héritage musical rock.

Le jardinier punk aime aller à l'encontre des règles de jardinage établies en matière de taille, de tonte, et expérimente systématiquement le contraire de ce qui est conseillé.

 

Le punk adore provoquer et emmerder le monde. Sa tenue vestimentaire, son attitude, ses déclarations, sa musique, visent à déstabiliser l'ordre établi et les rapports sociaux qu'il juge délétères et sans avenir.

De même, jardiner punk, c'est transgresser les règles et conventions en vigueur : laisser pousser sa haie même si elle dépasse les 2m. réglementaires en limite de propriété, ne pas élaguer son bel érable quand le voisin se plaint que ses feuilles tombent dans sa piscine, ne pas tondre pour laisser les herbes folles abriter serpents, rongeurs et autres « nuisibles », investir un espace public en y créant un jardin collectif « sauvage », etc, etc.

 

Les punks chantaient « no future ! ». Ils considéraient que le paradigme fondé sur une économie libérale mondialisée n'avait pas d'avenir. Sans l'avoir saisi à l'époque, ils avaient ainsi également pressenti la crise environnementale actuelle, conséquence du culte suicidaire de la croissance infinie dictée par cette logique économique.

De la même façon, le jardin punk dénonce le no future des méthodes de jardinage classiques qui consistent à projeter sur un terrain, un territoire, un schéma de plantation et de gestion paysagère qui ne tient pas compte de la végétation présente et des spécificités du lieu, provoquant ainsi un appauvrissement écologique conséquent, une artificialisation végétale des sols sans avenir.

 

Le punk a le sentiment d'être un déclassé et d'appartenir à une génération sacrifiée, méprisée. Il exprime librement ses frustrations, ses désespoirs, à travers une musique et une attitude pleines d'énergie et de vie, organiques, primitives.

Le jardin punk, quant à lui, laisse la vie végétale librement et pleinement s'exprimer. Il affectionne particulièrement les plantes délaissées, décriées, ces soit-disantes mauvaises herbes décrétées parias par le jardinage traditionnel anthropocentrique. Il s'agit de faire avec la vie et non contre la vie.

Alors, Johnny Rotten, Joe Strummer et chiendent, liseron : même combat ?

 

Punk rock et jardin punk sont d'insolentes dynamiques de vie et de liberté.

Le paysagiste et mélomane Eric Lenoir s'inscrit dans le travail de Gilles Clément qui fût ici l'objet d'un article que je vous invite à relire en complément de celui-ci. https://onconnaitlamusique.blog4ever.com/il-faut-cultiver-notre-jardin-musical

 

Mais, alors, à quoi ça ressemble un jardin punk, me direz-vous ?

Je pratique ce type de jardinage depuis plusieurs années, (ce qui me vaut des conflits avec certains voisins) sans connaître ce concept de jardin punk que je n'ai découvert que récemment. En fait, je pensais faire un jardin jazz, en raison de sa conduite improvisée, de son aspect libre, sauvage mais toutefois guidé par une grille d'accords visuels et volumiques souhaités. Aussi je vous joins quelques photos de ma petite partition végétale punk-jazz en cette tonalité automnale.

 

En me relisant, je me dis que je vais peut-être me mettre au punk rock sur mes vieux jours...

 

 

 

 

 

 

 



18/11/2021
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