On connait la musique...

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La France a peur tous les soirs à 20H00

"La France a peur tous les soirs à 20H00", Mickey 3D : https://youtu.be/eeZpwcVRfwE

Il y a 4 ans, fin 2018, la France faisait face à un mouvement de protestation plutôt inédit : les gilets jaunes. La façon dont cette crise fut (très) couverte par les médias instillait le récit anxiogène d'un pays en proie au chaos. Souvenez-vous : chaque samedi offrait son décompte de manifestants, de dégradations et de blessures, de routes et d'autoroutes bloquées; on pressentait Paris et les grands centres urbains à feu et à sang; on redoutait l'effondrement des services publics et de l'économie. Nous semblions sombrer dans un grand sous-marin jaune qui n'avait malheureusement rien à voir avec celui des Beatles.

 

Puis, sans que nous ayons vraiment eu le temps de nous égayer par quelques pensées légères, un an plus tard survint le Covid. Cette fois-ci la crise n'était plus cantonnée à notre hexagone, le drame était mondial. Chaque jour, chaque heure, pendant de nombreux mois, les médias relataient exclusivement les paramètres alarmants de la pandémie. Nous ne vivions plus que soumis aux chiffres des nombres de contaminations, d'hospitalisations, de morts. Souvenez-vous : chaque frémissement des courbes de ces chiffres, chaque apparition d'un nouveau variant à l'autre bout de la planète, apportait son lot de perspectives sinistres. La succession ininterrompue des vagues et la potentielle virulence accrue des variants faisait claironner aux plus pessimistes - et leurs relais étaient nombreux dans les médias - que l'on n'en sortirait jamais. Après tout, les grandes épidémies, les catastrophes naturelles et les guerres, comme le montre l'histoire de l'humanité, sont des éléments qui provoquent cycliquement les chutes des civilisations. Voilà bien des lendemains qui chantent...

 

Tiens, justement, la guerre... il ne manquait plus qu'elle ! Et la voilà qui débarque il y a une dizaine de mois, en pleine Europe, pas si loin de chez nous, menée par un autocrate dément qui brandit l'arme atomique. Au fil de quelques titres glanés ces derniers mois dans les médias tels «  Jusqu'où ira Poutine ? » « Risque d'escalade en Europe » « La plus grande centrale nucléaire d'Europe sous les bombes » « La Russie et l'Europe relèvent leur niveau d'alerte nucléaire »... , on ne peut qu'acter un climat informationnel particulièrement angoissant.

 

Je n'évoque pas de la crise climatique, l'anéantissement de la biodiversité, n'en rajoutons pas trop, cela risquerait de vous être indigeste.

 

Un petit mot, toutefois, sur l'effondrement de notre système de soins et sur la désertification médicale : je mourrai peut-être parce que je ne pourrai pas être pris en charge médicalement, mais avec dans ma poche un superbe téléphone 5G ultra connecté qui m'informera en temps réel de la hausse des cours de mes actions dans l'industrie pharmaceutique, ça console...

 

Quoique, non, aux dernières nouvelles, les antennes-relais des téléphones risquent de subir des coupures car l'approvisionnement en électricité sera aléatoire cet hiver. Je me rassure en me disant que la France fait partie du G7, regroupement des plus grandes puissances économiques du monde, et que ce serait bien pire sinon, non ?
Et puis j'ai toujours aimé jouer acoustique, « unplugged », surtout avec des moufles, j'adore les challenges, ça stimule la créativité.

 

Bon, j'arrête, je n'en jette plus, le pire c'est que je n'invente rien et que vous êtes déjà probablement suffisamment abattus par ce crescendo d'actualités anxiogènes qui ne focalise que sur les faits dramatiques et, perdus dans de sinistres pensées, vous en attendez avec terreur le point d'orgue.

 

Pourtant...

 

Je fus adolescent et jeune adulte durant les années 70 et 80. L'état du monde n'était pas plus réjouissant que de nos jours.

La guerre froide faisait planer la menace permanente d'une troisième guerre mondiale, nucléaire cette fois-ci, un contexte d'autant plus stressant que nous devions obligatoirement effectuer une année au service de l'armée. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 provoquèrent des crises économiques conséquentes ; la fin des « 30 glorieuses » était là, avec un chômage toujours croissant ; le Sida pointait son nez dans les 80's, signant l'arrêt de l'insouciance libertine acquise à la fin des années 60 ; la sécheresse de 1976, les marées noires (230 000 tonnes de pétrole brut déversés au large des cotes bretonnes par l'Amoco Cadiz en 1978 ) alertaient déjà sur la dégradation de notre environnement.

 

Tout ce flux d'informations anxiogènes était bien évidemment relayé par les médias. J'ai pourtant le souvenir d'une légèreté, d'une gaité, d'une énergie positive qui imprégnaient la société.

Internet n'existait pas, les principaux relais d'informations étaient les (quelques) chaines de radio et de télévision, et les journaux. L'immédiateté n'avait pas l'hégémonie actuelle : pas de réseaux sociaux, pas de chaines d'information en continu.

 

Je ne reviendrai pas sur la richesse de la créativité musicale de ces années, à laquelle nous devons tant, et sur la liberté (paradoxale) et l'impertinence des comiques de l'époque : Coluche, Bedos, Desproges, etc...

 

Sociologues, historiens et autres spécialistes des sciences humaines pourront analyser mieux que moi la combinaison d'éléments qui firent de ces années – plus particulièrement les 70's - une période un peu folle et réjouissante. Verrait-on aujourd'hui au J.T. de 20H00 notre Président jouer de l'accordéon https://youtu.be/rYJ37ZLe2bU ou bien un reportage sur un homme qui mange un avion de tourisme https://youtu.be/-rLl7E_sIpc ? Diffuserait-on aujourd'hui tous les soirs aux heures de grande audience un chef d'oeuvre d'absurdité et de subversivité tel que le fut la série animée Les Shadoks ? https://youtu.be/tpD0Pdr7oD0

Quoi qu'il en soit, toutes choses sont impermanentes, « The times they are a changing "  constamment, nous sommes en 2022 et nous ne pouvons que subir le climat actuel au risque de nous perdre dans une morosité chronique.

 

Alors que faire ?

 

Et bien... peut-être tout simplement faire de la musique, du théâtre, de la danse, du dessin, de la peinture....

Pratiquer et développer une activité artistique reste probablement le meilleur antidote contre cette politique actuelle de la peur.
Opposons la créativité et la liberté de nos corps, de nos voix, de nos mains, au carcan du flux continu et anxiogène des actualités. Opposons le temps long de l'expression artistique au diktat de l'immédiateté informationnelle.

 

"Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus" disait la chorégraphe Pina Bausch.

Oui, danser pour ne pas courber la tête sous les propos des Cassandres médiatiques, chanter et jouer pour couvrir leurs récits funestes et inventer les nôtres, plus beaux, plus excitants.

Alors, à nos instruments ! Jouons, sinon nous sommes perdus...

 

 



05/12/2022
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