On connait la musique...

L'un de mes anciens élèves me faisait remarquer récemment l'utilisation quasi systématique de l'auto-tune sur les voix. Il trouvait choquant que toutes les musiques écoutées par les plus jeunes utilisent des voix ainsi robotisées.

Petit rappel : l'auto-tune est un logiciel qui permet de rétablir la justesse des voix. Il est utilisé dans les studios d'enregistrement pour gagner du temps : peu importe si le chanteur n'a pas chanté juste, on garde la prise et on la corrige après avec auto-tune. Quand on pousse les paramètres de ce correcteur de justesse, on obtient cette voix « zoing zoing » que l'on retrouve dans la plupart des titres de rap et d'électro. L'histoire de la création de ce logiciel est particulièrement étonnante : https://fr.wikipedia.org/wiki/Auto-Tune

Dans mon précédent article, je constatai la disparition de la mélodie dans la sphère rap / électro. Ajoutons à ce constat le fait que les quelques mélodies chantées qui subsistent sont auto-tunées, artificialisées, passées dans la moulinette numérique, robotisées, déshumanisées. Ceci reste, somme toute, cohérent avec la prédominance de l'utilisation de l'ordinateur pour créer et jouer ces musiques.

Mais il y a plus encore dans ce mouvement de déshumanisation de la musique.

La musique s'écoute désormais via des plateformes en ligne type deezer ou spotify. La diffusion par ces sites de streaming musical est incontournable pour tout musicien qui désire se faire connaître. Ces plateformes font la pluie et le beau temps sur le plan de la promotion des artistes : plus vous êtes cliqué, plus vous êtes liké, plus est grand votre temps d'écoute, et plus vous apparaitrez en tête des listes de lecture proposées, et plus les producteurs et les publicitaires s'intéresseront à vous. Ce système promotionnel est géré par des algorithmes qui analysent le comportement des utilisateurs et le profil des morceaux.

Ceci a conduit les artistes à créer désormais, eux aussi, des algorithmes qui optimisent leurs musiques pour qu’elles soient mieux valorisées par les algorithmes des plateformes de musique en ligne (voir https://www.arte.tv/fr/videos/100280-014-A/tracks/).

Au final, ce sont donc des algorithmes qui composent de la musique pour d’autres algorithmes. Voilà, on y est ! Ce ne sont plus les humains qui composent et jouent, ni d’autres humains qui les écoutent et les jugent. Les intelligences numériques artificielles font de la musique entre elles et pour elles !

Demain elles élaboreront les programmes politiques et voteront pour nous.

... « What a wonderfull world ! «

Allez, finissons sur une touche plus légère. Jouons un peu.

Le même susdit élève avait écrit et réalisé une chanson sur la création musicale « pour les nuls ». Ecoutez-la attentivement : https://www.youtube.com/watch?v=Onvf4glXvRM , il a commis une erreur (lui-même s'en est rendu compte à postériori). Saurez-vous dire laquelle ?

A vos commentaires ! La première ou le premier d'entre vous qui trouve gagnera... euh, on verra, je réfléchis.

Merci à U.L. pour avoir inspiré cet article.